IVAN MAÏSKI
JOURNAL
1932 – 1943

Texte établi et commenté par
GABRIEL GORODETSKY

Disponible en librairie le 22 septembre

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PROLOGUE : Ivan Maïski débarque en Angleterre (1932)

«Je suis parti pour mon nouveau poste à Londres le 20 octobre ou à peu près. […] Agniya et moi avons passé deux jours à Berlin. Nous nous sommes arrêtés aussi quelques jours à Paris, où Agniya a fait le plein de biens de première nécessité : quand une femme décide de regarnir sa garde-robe, cela prend toujours un peu de temps. Pour être juste, toutefois, Agniya est plutôt, à cet égard, quelqu’un de modeste.

Nous avons quitté Paris pour Londres le matin du 27. J’avais téléphoné à Londres auparavant pour demander à Kagan de me retrouver à Douvres.

Notre voyage entre les deux capitales occidentales s’est passé sans incident. La mer était plutôt calme. Entre Douvres et Londres, Kagan m’a briefé sur les affaires en cours. Presque toute la colonie nous attendait à la gare à Londres, environ 300 personnes. Monck était là lui aussi, pour représenter le Foreign Office. Il y avait sur le quai un désordre épouvantable. Nos camarades faisaient foule autour de nous, nous acclamaient avec bruit, et ce fut une presse terrible. Les photographes des journaux donnèrent libre cours à leur mitraillade. […]

Conduits par quelques braves policiers, nous nous sommes frayé un chemin sur le quai jusqu’à la sortie, entourés par la foule bruyante de nos camarades. Un moment plus tard, nous étions dans une élégante voiture de l’ambassade, fonçant dans les rues familières de Londres vers notre " chez nous ", au 13, Kensington Place Gardens, W8…

Nous avons lentement gravi les marches de pierre menant à l’entrée… Nous sommes montés au premier étage… Avons ouvert les portes de notre appartement, marqué " Privé "… Fait le tour des pièces… Regardé par les fenêtres…

Une nouvelle maison, un nouveau pays, un nouveau travail. Une pensée me traverse l’esprit, comme un éclair. "Combien de temps vais-je encore passer ici ? Que vais-je voir ? Que vais-je vivre ? Qu’est-ce que l’avenir me réserve ?..."»