Bibliothèque historique. Fragments, Tome I: Livres VI-X

Bibliothèque historique. Fragments, Tome I: Livres VI-X

(Mythologies; Récits de fondations et de colonisations suite au retour de Troie; Le monde grec aux VIIIe-VIe siècles)

Texte établi et traduit par : Aude Cohen-Skalli

Présentation

Le livre offre une édition critique, accompagnée d'une traduction et d'un commentaire philologique et historique, des livres de la deuxième pentade de Diodore de Sicile, qui fait aller le lecteur de la fin des antiquités grecques à la première guerre médique. Participant avant tout du renouveau d’intérêt qu’a connu l’œuvre de Diodore dans les dernières décennies, cette édition entre également de façon générale dans le cadre des recherches qui se sont développées en Italie, en France, et en Belgique, dans le cadre des historiens « fragmentaires ». En effet, comme les livres des troisième et quatrième décades, les livres VI-X ne subsistent plus qu’à l’état de fragments, depuis qu’a péri, en 1453, le dernier témoin manuscrit du texte complet. Le gros des fragments se trouve dans les Excerpta Constantiniana, une collection d’extraits d’historiens de langue grecque que l’empereur byzantin Constantin VII Porphyrogénète fit compiler durant la première moitié du Xe siècle ; le reste est constitué de citations ou de paraphrases, témoignages de quelques apologistes, chronographes ou autres érudits de l’antiquité tardive et de la période byzantine, qui, pour différentes raisons, citèrent Diodore de Sicile dans leurs œuvres.

À partir de ce matériau riche et complexe, l’auteur a entrepris de reconstituer l’économie générale et le contenu de chacun des cinq livres, avec une attention particulière portée aux problèmes de chronologie : lorsque l’historien présente, au livre I, le plan d’ensemble de son enquête, en insistant sur l’unité des six premiers livres, celui-ci met en place une construction chronologique et thématique qui fait du livre VI le dernier livre « mythologique », mais aussi le dernier livre des « archéologies grecques ». Dans la transition avec les temps olympiques (de 1184/3 à 777/6), Diodore semble suivre le modèle d’exposition défini par Apollodore d’Athènes dans ses Chronika : l’historien s’achemine donc définitivement vers le spatium historicum (introduit au livre VII), l’articulation choisie étant la fin de la guerre de Troie. Cet examen de la chronologie s’inscrit dans le cadre d’une analyse historiographique plus large. En effet, il est un point essentiel, pivot dans l’interprétation de la structure de la Bibliothèque, sur lequel Diodore se détache particulièrement de ses prédécesseurs : c’est dans la conception qu’il propose de l’histoire universelle, étudiée en détail dans l’édition. La tâche était particulièrement difficile de fondre dans une même narration le récit des épisodes survenus en tant de points de l’œcoumène (traitée comme μία πόλις), en partant des origines et rejoignant son temps, tout en respectant la méthode annalistique : comment éviter de manquer au précepte de continuité, à celui d’unité dans la composition, et enfin à celui de symétrie, que Diodore professe en tout point de l’œuvre ? Dans les livres VI-X se trouvent certains éléments de réponse, et certaines traces de la façon dont l’historien tissa ensemble épisodes principaux et narrations de faits parallèles.

Le commentaire examine en outre plusieurs questions d’exégèses théologiques, liées notamment à la doctrine évhémériste, qui trouvait un aboutissement dans la Bibliothèque historique. Les fragments de tendance évhémériste constituent du reste une parfaite illustration de la difficulté qu’il y a d’interpréter la littérature fragmentaire : le commentaire tâche de démêler soigneusement dans chaque fragment ce qu’il importe de prêter au citateur, voire aux citateurs successifs, dont la concaténation demandait à être détaillée, et ce qu’il convient de reconnaître en dernière analyse à Diodore de Sicile.

Ancienne étudiante de l’université Paris-IV–Sorbonne et de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, docteur de l’université de Paris-IV et de la Scuola Normale Superiore de Pise, Aude Cohen-Skalli enseigne depuis 2010 à l’université de Nice–Sophia Antipolis. Elle a participé à plusieurs colloques sur l’œuvre de Diodore de Sicile et sur l’histoire de la Sicile grecque et romaine, et est l’auteur d’une dizaine d’articles sur la Bibliothèque historique de Diodore, sur l’histoire de la Sicile, sur les historiens grecs de Rome et sur des questions d’historiographie fragmentaire.

Biographies Contributeurs

Diodore de Sicile

Au Ier s. av. J.-C., Diodore de Sicile, dont nous ne savons presque rien, a rédigé une Bibliothèque historique qui se veut la somme de l’histoire de l’humanité depuis l’origine du monde jusqu’aux conquêtes de son contemporain Jules César. Composant à partir des connaissances acquises lors de ses voyages et par la consultation en bibliothèque des ouvrages de ses prédécesseurs, il a consacré trente ans à construire un ouvrage propre à remplacer tous les autres – une bibliothèque en soi. Ce bilan de l’histoire de l’humanité, établi à l’acmé de mixité culturelle gréco-romaine, en propose une lecture marquée par l’influence stoïcienne et par la grande curiosité personnelle de son auteur.

Aude Cohen-Skalli

Aude Cohen-Skalli, chargée de recherche au CNRS (Aix Marseille Université), est helléniste et spécialiste d’histoire des textes historiographiques et géographiques de l’Antiquité à la Renaissance. Elle a donné l’édition des livres VI-X de la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile, a traduit en français, avec A.-Ph. Segonds, l’ouvrage de Sebastiano Timpanaro La Genèse de la méthode de Lachmann, et coordonné la traduction commentée de la Chronique (I) d’Eusèbe. Elle dirige avec Michel Casevitz les collections « La Roue à Livres » et « Fragments » aux Belles Lettres. 

Table des matières

Notice

I. La transmission fragmentaire du texte
A. La perte du texte
B. La catégorie du « fragment »
C. Les éditions
D. Principales traductions en langues modernes

II. Les branches de la tradition indirecte
A. Les Extraits Constantiniens
1. Projet et réalisation des Extraits
2. Composition du recueil
3. Fiabilité des Extraits Constantiniens
4. Les manuscrits

B. Témoignages d'auteurs
1. Apologistes et écrivains chrétiens
2. Érudits byzantins
C. Principes de l'édition

Questions d'historiographie : économie, composition et usus scribendi
I. Questions de chronologie
II. Questions thématiques: le regroupement κατά ϒέος
III. Un cas singulier dans l’étude des ϒένη : hypothèses sur la place de Rome dans le récit des archaiologiai

Table de concordances
Bibliographie
Conspectvs Siglorvm

Livre VI
Notice
Texte et traduction

Livre VII
Notice
Texte et traduction

Livre VIII
Notice
Texte et traduction

Livre IX
Notice
Texte et traduction

Livre X
Notice
Texte et traduction

Notes complémentaires du livre VI
Notes complémentaires du livre VII
Notes complémentaires du livre VIII
Notes complémentaires du livre IX
Notes complémentaires du livre X

Index fontivm
Index des noms de lieux et de peuples
Index des noms propres

Informations détaillée

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